Ce livre est un recueil de coutumes, contes, mythes et légendes–et même un compte-rendu des premières découvertes fossiles de la préhistoire esquimaude. Mais c’est aussi le vivant récit d''une traversée de tous les territoires habités par les Inuit.Kunupaluk : c''était le nom donné à Knud Rasmussen par les Inuit. Avec eux, qui ne se confient pas si facilement sur leurs croyances et traditions, il était arrivé à un tel degré de complicité et d''intelligence que ses travaux sont encore aujourd''hui une référence pour ceux qui s''intéressent à la grande culture de l''Arctique.Ce livre est un recueil de coutumes, contes, mythes et légendes–et même un compte-rendu des premières découvertes fossiles de la préhistoire esquimaude. Mais c’est aussi le vivant récit d''une traversée de tous les territoires habités par les Inuit.Rasmussen a été le premier européen à franchir le passage du Nord- Ouest en traîneau à chiens. C''est lui qui a le premier retrouvé les traces des expéditions perdues : celle de John Franklin sur les HMS Erebus et Terror, celle d''Andrée en ballon à hydrogène. Mais ces exploits sont peu de chose vis-à-vis de ce que Rasmussen nous a laissé de plus précieux, un travail de terrain qui a révélé aux yeux du monde la spiritualité authentique du peuple inuit.Je me rends compte que je suis arrivé au moment psychologique de mon voyage. C’est pour ces hommes que je suis venu. Aussi, sans me demander si les manifestations auxquelles ils se livrent, si ces détonations, si ce harpon brandi par l’un d’eux dans ma direction, sont une déclaration d’amitié ou de guerre, je cède à mon impatience et foule aux pieds mes promesses. (Il avait été convenu entre mes camarades et moi que nous prendrions nos dispositions pour être ensemble lors de cette première rencontre). Sans faire ni une ni deux, je saute dans mon traîneau et donne aux chiens le signal du départ, tout en leur désignant du doigt l’homme qui accourt vers nous. Ils le prennent pour du gibier en fuite et détalent à une allure qui s’harmonise admirablement avec les battements de mon cœur. Un instant encore, et ils vont l’atteindre. A présent, ils sont complètement déchaînés car, tout en lui, son costume et son odeur, leur est étranger. Les contorsions qu’il fait pour échapper à leurs douze gueules béantes ne sont pas précisément de nature à les calmer. « Silence ! » m’écriai-je, et bondissant au milieu des chiens, je serre l’inconnu dans mes bras.Mais, comme un éclair, une idée traverse soudain mon esprit :« Cet homme t’a compris. » Le considérant alors plus attentivement, je m’aperçois qu’il est grand, bien bâti, que son visage et sa longue chevelure sont saupoudrés de givre. Dans sa bouche brillent de belles dents. Haletant, il rit d’aise, après la grande émotion qu’il vient d’éprouver.Knud RasmussenIlulissat, Groenland, 1879 Copenhague, Danemark, 1933A 8 ans, dit-on, Rasmussen savait déjà guider un attelage de chiens de traîneau et se servir d''un fusil, mieux que ne jouent au ballon les enfants d''aujourd''hui. De père danois et de mère groenlandaise, le sang inuit coulait dans ses veines. Peut-être est-ce pour cela qu''au Groenland, aujourd''hui encore, on chérit le souvenir de ce voyageur, de sa drôlerie, de son sourire–Knud Rasmussen, « l''homme qui était devancé par son sourire ». Si on se rappelle de vous ainsi, il doit bien y avoir une raison.