Le terrorisme ne porte pas seulement en puissance la destruction de notre monde, mais aussi celle de notre pensée. S'il constitue un défi pour le sens commun que nous conférons à la politique, c'est parce que son but n'est pas uniquement de réduire à l'impuissance les sociétés menacées par cette nouvelle forme de violence, mais de susciter le désarroi mental et psychologique des membres de celles-ci et de tous ceux qui sont pris dans sa logique que ce soit à titre d'acteurs, de spectateurs ou de victimes. Ce que l'on a appelé la « petite guerre », par opposition à la guerre classique et noble, ne se contente pas de faire périr des vies et des biens, mais vise à engourdir notre sens politique. Le terrorisme contemporain nous pose problème, et particulièrement le terrorisme islamiste. On peut chercher à « démythifier Al-Qaïda » et arguer que les « Tigres noirs » tamouls commettent aussi des attentats-suicides, néanmoins, à l'heure actuelle aucune forme de terrorisme n'a autant qu'Al-Qaïda la puissance d'engendrer la peur. Au lieu de nous réveiller de notre somnolence, nous préférons bien souvent le déni de cette réalité, car sa prise en compte semble toujours suspecte de collaboration avec la police et de justification d'un discours sécuritaire. Pourtant quelque bonne intention qui anime un déni, c'est toujours un déni. Échapper à ce déni requiert une relecture de l'histoire des guerres et des révolutions, des idées nihilistes et anarchistes, et un éclairage psychanalytique du déferlement contemporain de la pulsion de mort.
Interrogarse como filósofo sobre la policía puede parecer sorprendente. Si uno se pregunta frecuentemente lo que hace la policía, interrogarse sobre lo que ésta es, es más raro. La ambición de este libro consiste en tratar de definirla e iluminar sus relaciones con la política. Este trabajo desea invertir ciertas perspectivas habituales. Es un estudio filosófico de la policía, tomada en su sentido contemporáneo. Procede de la idea de que la policía no es un simple medio de la política, sino un elemento constitutivo de su estructura, de que participa de la definición de sus fines y de que no está desprovista de sentido. Se trata de preguntarse no lo que debe ser, sino por qué es lo que es. En este caso, el estudio de la policía pasa a ser no sólo posible, sino deseable. La policía abarca, en efecto, el campo de lo real de la política. Lo "bajo" de la política es la política efectiva. Dejar de tomar la política "por arriba" para intentar una explicación "por abajo" es tratar de evitar una "ontología" y una "metafísica" del poder. Abordar la política mediante la policía conlleva, pues, una doble significación: intentar un enfoque filosófico de la policía )en cuanto contiene política) y comprender el sitio de la policía en la política.