« Je savais que j'étais née en Guadeloupe et que j'étais arrivée à l'âge de quatre ans chez Tata Michelle. J'en avais neuf, cette année-là où ma mère s'était présentée à la ferme avec sa lettre officielle qui l'autorisait à me reprendre. Cependant, même en forçant ma mémoire à réveiller des souvenirs endormis, sans mentir, j'avais l'intime conviction d'avoir toujours vécu dans la ferme de la Sarthe, auprès de ma Tata Michelle, la plus grande fan de Joséphine Baker, de Pépé Marcel, le seigneur des forêts magiques, et de Mémé Georgette toquée des crimes de sang. » En 1984, Josette débarque en Guadeloupe. Elle découvre Théodora, sa grand-mère, et sa case peuplée de fantômes et d'esprits retors. Au pays natal, à la fois brutal et enchanteur, les fleurs qui s'épanouissent exhalent les secrets d'un passé fané et tourmenté. À la recherche de ses racines, ballottée et écartelée entre les mondes barbares, Josette va sur les traces de sa mère et prend parfois des airs de Joséphine Baker...
« Elle s'ouvrait. Se cabrait. Se laissait tourner et retourner, pénétrer... En redemandait. Voulait les sentir, durs, en elle... Ils entraient, gratis, tâtaient sa chair, goûtaient sa peau. Fallait qu'elle soit prise. Possédée. Traversée, sans paroles, par des sexes d'hommes. Ça la prenait, comme ça, comme une fièvre. À ces moments-là, elle ne gouvernait plus son corps. Elle consommait du sexe, le sexe dressé des hommes. En redemandait. En rêvait parfois. Et se réveillait en sursaut, au milieu de ses nuits, avec l'envie d'un corps d'homme ajusté au sien. Fallait qu'elle soit prise, possédée, traversée... » Dans la frénésie sexuelle, Mina Montério tente de se perdre et d'échapper aux fantômes qui la hantent et l'escortent depuis son départ de la Guadeloupe. En particulier, celui de sa sœur Rosalia, brûlée vive là-bas dans un incendie. Pour s'en défaire, il faudra que Mina aille en Guadeloupe, sur les lieux des drames de son enfance... Où, derrière les apparences, se cachent souvent des haines nourries par des sortilèges maléfiques.