Louis, son frère, mort il y a dix ans. De longues années durant lesquelles elle a éprouvé l''exil du deuil. Puis, un lent glissement ébauché, un pas vers le difficile retour à soi, ce voyage nécessaire... Nathalie laisse naître en elle l''image d''un compagnon : ce sera l''acteur disparu Charles Denner, dont elle entreprend de retracer la silhouette avec l''intention, le besoin, de le ramener à la vie. Charles, Louis, deux figures que rien au fond ne distingue. Ce pourrait s''appeler un détour - à l''image de ce vouvoiement qu''elle adresse à Denner -, celui qu''imposent l''expérience de la perte de l''aimé, la fragilité et la pudeur du souvenir. S''il a forme d''autoportrait, ce détour est aussi un jeu de miroirs où les identités - celle du narrateur, celle des destinataires - alternent et s''altèrent, diffusant alentour la violence d''une douleur mêlée d''espoir.